Le cor

Charles Trenet

J'aime le son du cor le soir au fond des bois

Soit qu'il chante les pleurs de la biche aux abois

Ou l'adieu du chasseur que l'écho faible accueille

Et que le vent du nord porte de feuille en feuille


Oui oui oui oui

J'aime j'aime cet air-là

Ce poème qui fait ma joie

J'aime le son du cor le soir au fond des bois


Que de fois seul dans l'ombre à minuit, demeuré

J'ai souri de l'entendre et plus souvent pleuré

Car je croyais ouïr de ces bruits prophétiques




Qui précédaient la mort des paladins antiques


Oui oui oui oui

J'aime j'aime cet air-là

Ce poème qui fait ma joie

J'aime le son du cor le soir au fond des bois


Monts gelés et fleuris, trône des deux saisons

Dont le front est de glace et le pied de gazon

C'est là qu'il faut s'asseoir, c'est là qu'il faut entendre

Les airs lointains d'un cor mélancolique et tendre


Oui oui oui oui

J'aime j'aime cet air-là

Ce poème qui fait ma joie

J'aime le son du cor le soir au fond des bois



Ganelon vieux melon en barbe de raisins

Tu n'es qu'un noir félon ami des Sarrasins

Qui tous de fer bardés au pays de Navarre

Sont de soldats soldés par le roi des avares


Si si si si

J'aime j'aime cet air-là

Ce poème qui fait ma joie

J'aime le son du cor le soir au fond des bois


Mais l'Empereur de France a dit "Je veux, je veux

Porter mon assistance à mon gentil neveu

Je sais que Durandal épargne des coliques

Sa garde d'or-métal recèle des reliques!"


J'aime j'aime cet air-là

Ce poème qui fait ma joie



J'aime le son du cor le soir au fond des bois


Introuvable neveu! ronchonne l'Empereur

Je sens dans mes cheveux des brises de terreur

Faut-il qu'il soit écrit qu'en fin je t'abandonne

Roland tout est fini, moi je rentre à Narbonne!


Ah ah ah

J'aime j'aime cet air-là

Ce poème qui fait ma joie

J'aime le son du cor le soir au fond des bois


Alors, seul dans la nuit perdu dans son décor

Roland fait malgré lui d'la contrainte par cor

Et puis un cri d'effroi déchire la montagne

"Adieu mon palefroi, Durandal, Charlemagne!"



J'aime j'aime cet air-là

Ce poème qui fait ma joie

J'aime le son du cor le soir au fond des bois


J'aime le son du cor

J'aime le corps du son

J'aime le sort du con le soir au fond de moi...


J'aime le son du cor

J'aime le corps du son

J'aime le sort du con le soir au fond de moi...


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